Renaison. — Inauguration de la nouvelle église.
Comme il fallait s'y attendre, la bénédiction de
l'église neuve de Renaison a constitué une fort belle et
fort intéressante cérémonie.
A dix heures, Ie cortège, composé du clergé sous
la conduite de M. Bonnardet, vicaire-général de Lyon, des
membres du conseil de fabrique, des conseillers municipaux, ayant
à leur tête M. Sardaine, maire, est parti de la vieille
église pour la nouvelle, précédé de
I'excellente fanfare de Renaison.
Toute la rue nouvellement ouverte pour aboutir de la Grand'rue à
l'église neuve était garnie de sapins, ainsi que la place
de I'Eglise.
Sur la facade de cette derniere, une grande croix de feuillage
surmontait une vaste banderolle portant, entourée de verdure,
cette parole : Haec est domus domini. (C’est ici la maison du
Seigneur.)
Les cérémonies de la bénédiction
extérieure d'abord, intérieure ensuite, ont
commencé aussitôt, agrementées pour Ie public par
plusieurs morceaux joués par la fanfare.
Le cortège est ensuite retourné à la vieille
église et en est revenu bientôt avec le Saint Sacrement
porté processionnellement sous le dais par le grand-vicaire
officiant.
La foule énorme est entrée à sa suite dans
l’église, et toutes les personnes qui ne l'avaient pas
encore visitée ont été émerveillées
de la beauté de son vaisseau central, et de la grâce
générale qu'a su lui donner son architecte
distingué, M. Paszkowicz.
Il a eu, entre autres, l'heureuse idee d'appliquer aux murs une
peinture rouge brique qui fait ressortir de la plus gracieuse
façon les piliers sveltes et les nervures des voûtes.
On a admiré aussi sans réserve le magnifique
maître-autel en pierre blanche polie et mêlée de
nuances rosées. Cet autel, dessiné par l'architecte de
l'église et fort bien exécuté par M. Bannelier,
I'habile sculpteur charliendin, est d'un style absolument nouveau. Il
garnit superbement le choeur avec ses deux clochetons latéraux,
reliés chacun par trois jolis arceaux à ogive
à celui plus élevé du milieu, qui sert de
tabernacle. Devant l'autel une Cène en marbre blanc, et
sculptée en bas-relief, ajoute encore a l'excellent effet
général.
La grand'messe a commencé aussitôt et a fourni aux
assistants l’occasion d'entendre à Renaison la belle messe
que M. le comte de Beaufranchet a fait exécuter à grand
orchestre, l'an dernier, à Notre-Dame-des-Victoires, à
Roanne.
Servie par une acoustique bien meilleure que celle de notre
église des Minimes, elle a fait à Renaison tout autant
d'effet qu'à Roanne, bien qu'exécutée par un moins
grand nombre de voix. Tous nos compliments à l'auteur, au chef
d'orchestre M. Vignancourt, aux chanteurs, chanteuses surtout.
Instruites par une Roannaise aussi bonne musicienne que bien
douée au point de vue de la voix, Mlle Jeannez, elles se sont
fort bien tirées de leur partie, souvent pas commode.
Après l’évangile, M. le grand-vicaire Bonnardet a,
d'une voix malheureusement insuffisante, prononcé sur ce texte :
Qu'ils sont aimés, grand Dieu, nos tabernacles ! un remarquable
sermon.
En terminant son allocution, il a rendu l’hommage qui leur
était dû, a l’architecte d'abord, à M. le
curé Gardet, au conseil municipal et à toutes les
personnes qui ont montré déjà tant de
générosité pour la construction de
l'église, et il a fait des voeux pour que le clocher qui manque
encore à ce bel édifice ne se fasse pas trop attendre. Il
a commis deux oublis cependant : féliciter le conseil de
fabrique, et tout spécialement M. Dhume, son president, le plus
méritoire sans contredit de tous les zélateurs de
l'entreprise, et remercier les musiciens et les chanteurs habiles qui
ont, presque avec les seules ressources de Renaison, si magistralement
embelli la cérémonie.
Nous nous faisons un plaisir de réparer cet oublis.
(Extrait d'un journal local daté du 23 février 1896)
Bibliographie :
monographie, éditée en 1996 à
l'occasion du centenaire.